Après une enfance cinéphile à La Rochelle, Luc Béraud devient premier assistant réalisteur et connaît des débuts enthousiasmants à l’ORTF auprès de Janine Bazin et André S. Labarthe. Les tournages s’enchaînent, auprès de Marguerite Duras d’abord, dont le génie et l’ego s’amalgament dans ce lapidaire : « Pour le cinéma moderne, il y a Welles et moi. » Puis Alain Robbe-Grillet, qui lui confie la tâche de flamber une actrice nue sur un plat de tagliatelles. Vient ensuite la rencontre avec Jacques Rivette pour Céline et Julie vont en bateau. Un Rivette dont Béraud peine à comprendre la non-méthode de travail, avant de prendre conscience que ces improvisations permanentes permettent d’atteindre la magie. Évidemment, il n’oublie pas les autres, Patrice Leconte, Claude Miller, Joseph Losey, Roland Dubillard ou le légendaire Alain Cuny avec ses séances de travail en kimono pour la préparation de L’Annonce faite à Marie. Cette galerie de portraits cristallise une époque, celle des années 1970 et d’un cinéma audacieux proche de l’avant-garde.
Dans cet ouvrage qui succède à deux opus mettant en lumière Jean Eustache puis Pierre Lhomme, Luc Béraud pose un regard aussi ému qu’amusé sur la fabrique du cinéma, ses situations souvent cocasses, tout en livrant un hommage sensible à ces héros du Septième Art que sont les réalisatrices et les réalisateurs.